Le complexe du Sphinx Les mythes grecs, une machine à penser et à vivre Encres de Kikie Crêvecœur 

L’auteure vient d’être nommée au titre Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres (2022) de la République française.

Dans son nouvel ouvrage, Pascale Seys revisite 25 mythes d’hier, véritables sources d’inspiration, pour inventer un avenir « juste un peu meilleur » dans une collaboration graphique avec l’artiste Kikie Crêvecœur 
 

Tomber de Charybde en Scylla,
Toucher le pactole,
S’endormir sur ses lauriers,
Se perdre dans un dédale,
Suivre le fil d’Ariane, 
Ouvrir (à ses risques et périls !) la boîte de Pandore, 

sont des expressions qui témoignent qu’à l’heure du 2.0 et du « globish », non seulement nous parlons le grec ancien sans le savoir mais que les récits auxquels ces expressions font référence enrichissent notre imaginaire par des récits dans lesquels les dieux, les humains, les animaux et les plantes participent à un concert cosmique à plusieurs voix. 

Moins vérifiables que l’Histoire et plus imaginatifs que la Science et la Philosophie, comme à l’opéra, les mythes grecs nous tendent le miroir de nos peurs et de nos désirs. Daphné est une nymphe #metoo qui dit « non », Pandore et sa boîte à malices incarne le piège de la séduction, la pomme de discorde est un fruit toxique, Cassandre est une lanceuse d’alerte et le cheval de Troie nous rappelle que les ruses de guerres sont vieilles comme le monde. Au milieu du chaos et du règne de l’instinct, surgit la possibilité d’humanité. Car dans les récits mythiques,  il n’est pas rare aussi que les héros pleurent.

Parmi ces 25 mythes, l’un d’entre eux reflète-il plus particulièrement notre époque?
Cassandre qui hurle qu’il faut éviter la guerre et que notre maison brûle. 

Pourquoi ces histoires issues des mythes finissent-elles mal en général ? 
Parce que les anciens avaient compris que la dimension tragique est au cœur de nos existences.

Extrait « Le complexe du Sphinx »

Le mythe nousdonne à entendre que le mal est cosmique et bienplus universel que le bien, amplifiant ainsi la devised’Ajax selon laquelle il faut souffrir pour comprendre.Car il est vrai que dans les grands récits des origines, les consolations sont rares et le malheur est grand :

Ariane souffre d’avoir été quittée, Cassandre de ne pasêtre écoutée, Sisyphe d’accomplir chaque jour une tâcheabsurde, Narcisse d’être incapable d’aimer, Icare de vouloirêtre libre et Damoclès de voir sa vie suspendue à unfil. Mais pourquoi ces héros d’un autre temps souffrent-ilsautant que nous souffrons ?
Parce qu’il y a une universalitéde la condition humaine qui, génération aprèsgénération, doit faire face à ce qui arrive
et dont elle necomprend ni le sens, ni la raison, ni les causes.

 Pascale Seys  Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres (2022) de la République française, enseigne la philosophie à l’Université et en écoles supérieures des arts à Bruxelles. Elle produit et anime chaque samedi l’émission La couleur des idées sur Musiq3 (RTBF). 


Elle est également l’auteure de Connais-toi! Toi-même! (2021), Le panache de l’escargot (2020), Si tu vois tout en gris, déplace l’éléphant (2019), Et vous qu’en pensez-vous ? (2018) publiés chez Racine. 
 EN LIBRAIRIE Le complexe du Sphinx
Les mythes grecs,
une machine à penser
et à vivre
Pascale Seys

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